Un couple dans les champs
Les projets de vie à la campagne se multiplient

Le nouveau monde que nous appelons de nos vœux est-il compatible avec une vie urbaine ? La « cité » et ses tonnes de bétons peut-elle s’accommoder des avantages et changements d’une société écologique? Une société douce pour l’Homme et la Terre.  Le débat est ouvert mais la récente crise du Covid montre que si le XXème siècle fut celui de l’exode rural, le XXIème peut être celui de l’exode urbain.

« Parisiens, têtes de chiens… »

La capitale parisienne n’a plus la côte. Exemple même de l’hyperconcentration urbaine, Paris est la seule grande ville qui perd en population. De 2011 à 2016, ce sont 11 900 habitants par an qui déménageaient au-delà du périphérique (-0,5%). Un phénomène typiquement parisien car les autres départements d’Ile de France voyaient leur population augmenter de 0,4%, soit 53 000 habitants par an. Ce chiffre peut paraitre dérisoire mais on est amené à penser qu’il pourrait être plus important si les conditions le permettaient.  

Départements où sont partis les parisiens durant le confinement
Paris et les Hauts de Seine sont les seuls départements à avoir perdu des habitants durant le confinement

Si les emplois étaient moins concentrés sur Paris et la petite couronne, ou en cas de changement majeur de mode de vie, on pourrait assister à une massive vague de départs. Il suffit de voir ce qui s’est passé durant le confinement où 1,2 millions de franciliens (17% de la métropole du Grand Paris) ont quitté la région entre le 13 et le 20 mars. Et tous les ans, l’étude Cadremploi livre la même sentence : l’immense majorité des cadres veut quitter Paris. En 2019 ils étaient 82% dans ce cas-là. Le combo perdant pollution, stress et embouteillage joue pleinement sur le moral. Sans oublier un coût de la vie de plus en plus rédhibitoire. La vie parisienne ne fait plus rêver à tel point que 52% des cadres n’en sont pas satisfait.

Le confinement comme un premier choc

On l’a vu, le confinement a provoqué un départ massif des parisiens. Un exil passager mais un exil quand même. Cette période a surtout démocratisé une pratique qui pourrait rendre ces départs temporaires comme définitifs. Le télétravail a explosé avec un actif sur quatre qui a pu le pratiquer. Soit près de 7,4 millions de personnes ! Et cette proportion est encore plus grande en Ile de France car 41% des actifs ont télétravaillé. Si cette pratique devient pérenne, comme c’est le souhait de nombreuses sociétés et employés, la contrainte de l’emploi n’en serait plus une pour enfin s’éloigner de Paris. Le changement arrive plus vite que prévu.

Des immeubles de bureaux sont construits alors que la région parisienne totalise déjà 900 000 mètres carrés de bureaux vides… Le taux de vacance est heureusement en baisse depuis plusieurs années et des programmes de conversion en immeubles d’habitations sont lancés mais un départ massif des travailleurs franciliens pourrait renverser drastiquement cette tendance. Et créer l’opportunité d’arrêter une urbanisation à outrance pour enfin donner plus de place à la nature? Une nécessité que le Covid a là aussi mis en avant.

Le marché Aligre bondé à Paris
N’oubliez pas de respecter un mètre de distance entre vous…

Ce n’est pas une surprise, il y a eu davantage d’hospitalisations dans les espaces urbanisés. L’offre de santé est certes plus importante mais la concentration de population rend plus difficile le respect des gestes barrières. Il suffit de comparer les images du marché d’Aligre à Paris (même au début du confinement) à d’autres marchés dans d’autres villes. Les mois et années à venir peuvent encore être marqués du sceau des épidémies. On peut penser, que le cocktail semble à point pour que Paris soit de plus en plus vidé de ses habitants.

 

Autrefois dénigrée, la campagne et les villes moyennes apparaissent comme les bouées de sauvetage d’une société en train d’évoluer. Une société urbaine qui vit peut-être ses dernières années tandis qu’une autre, plus résiliente, plus douce, plus écologique s’organise déjà dans nos campagnes.  

Ce thème vous intéresse? Il sera abordé lors des conférences du vendredi 12 novembre : La société écologique post-urbaine